Nous le savions déjà, mais Abdelkader Djemaï nous l’a confirmé : en plus d’être talentueux, les grands écrivains sont adorables. C’est donc avec un immense plaisir que nous avons recueilli les réponses de cet auteur à la gentillesse infinie à propos de son livre “Le jour où Pelé”, aidés en cela par les nons moins adorables éditrices de la nouvelle collection de poche du Castor Astral “Galaxie” – et c’est avec un plaisir tout aussi grand que nous avons glissé cette interview dans My Book Box de Juillet pour nos abonnés !
MBB : Vous avez choisi comme cadre de votre roman la journée du match de football entre le Brésil et l’Algérie qui s’est déroulé à Oran le 17 Juin 1965. Votre personnage principal, Noureddine, a 17 ans. Tout comme vous cette année-là… Quelle est la dimension autobiographique de votre roman ?
AD : Ce match, qu’on peut qualifier d’historique, offrait l’opportunité de raconter la période, entre 1962-1965, que j’avais vécue dans mon adolescence. Je n’avais plus qu’à puiser dans mes souvenirs, mes sentiments et dans mes attentes pour organiser ce roman autour de ces premières années de l’Indépendance qui furent importantes pour moi. La part autobiographique est bien présente.
Tout au long de la déambulation de votre personnage principal, vous déployez une description tendre et nostalgique de la ville d’Oran. En quoi avez-vous voulu faire de cette ville l’un de vos personnages ?
J’y suis né et elle m’accompagne dans mon travail littéraire, notamment à travers certains de mes livres comme “Camus à Oran” ( Michalon, 1995), “Une ville en temps de guerre” et “La vie (presque) vraie de l’abbé Lambert” tous deux publiés au Seuil.
Votre récit, à la manière d’une tragédie classique, se déroule sur une journée, moment charnière de l’histoire de l’Algérie – 3 ans après l’indépendance et juste avant le coup d’état de Boumédiène. Pensez-vous que l’histoire de l’Algérie et les conséquences de la colonisation soient suffisamment traitées dans la littérature française ?
Il y a beaucoup de publications d’historiens des deux côtés de la Méditerranée qui mènent, depuis plusieurs années, un travail de recherche et d’analyse. Sur le plan littéraire, au-delà du témoignage c’est l’un des thèmes récurrents des écrivains algériens et français, thème souvent axé sur la guerre d’Algérie. Il reste beaucoup de choses à écrire.
Pourquoi avoir choisi le biais du sport, et plus particulièrement du football, pour évoquer la société algérienne de ces années-là ?
Parce que le football est,comme dans de nombreux pays, une passion algérienne, un sport populaire avec son histoire sociale et politique, marquée par la création en 1958 du Onze de l’Indépendance avec des noms comme Mekhloufi, Zitouni, Bentifour, Oudjani, Lekkak et autres vedettes de grands clubs de l’Hexagone.
Votre roman prend place dans la sélection de My Book Box “Terrains de sport”. Si vous deviez conseiller des oeuvres (livre, film, bande-dessinée…) sur ce thème à nos abonnés, lesquelles seraient-elles et pourquoi ?
Je citerai ” Un maillot pour l’Algérie”, une bande dessinée de Kris et Javi Rey, parue chez Dupuis en 2016, une belle épopée de l’équipe du FLN entre 1958 et 1962. “Football et littérature. Une anthologie de plumes et de crampons” de Benoît Heimermann et Patrice Delbourg (Stock, 1998), la grande aventure du ballon qui ne fut pas toujours rond, avec des textes d’Homère, de Camus et d’autres écrivains. “Petites et grandes histoires de la Coupe du monde” de Vincent Deluc (Laffont, 2014), un livre plein d’anecdotes et de surprises et “12 juillet” de Bruno Colombari (Salto, 2016) qui revient sur la finale, en 1998, au stade de Saint-Denis, entre la France et le Brésil, vue à la télévision par trois amis en prise avec leurs souvenirs, leurs parcours personnels et leurs rêves.
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