Le thème du mois
“Bleu”
Outremer, clair, nuit, pastel, indigo, cobalt, de Prusse…Comme My Book Box, le bleu aime décliner les points de vue. C’est sans doute pour cela que ce mois-ci, nous avons décidé de vous entraîner au milieu de cinquante nuances de bleu (oui, nous osons), pour vous démontrer que, non, le bleu ne mérite pas sa réputation de couloir froide et qu’il inspire les plus beaux des récits.
Et en matière de beau récit, l’on peut dire que Maggie O’Farrell s’y connaît : surprenant le lecteur par ses choix narratifs d’une inventivité permanente, nous entraînant dans le destin de ses personnages qu’elle sait nous faire aimer comme personne, nous donnant l’envie que ce livre ne s’arrête jamais, elle a fait d’Assez de bleu dans le ciel un remarquable roman. Difficile de présenter ce dernier, tant il nous offre mille et une pistes de lecture – Le mieux ? Se laisser embarquer par le talent de conteuse de l’autrice qui nous fait partager, dans des allers et retours à la fois temporels et géographiques – entre présent et passé, entre Irlande et Etats-Unis -, la quête de ses personnages qui, à travers ce qu’ils furent, cherchent le bonheur dans ce qu’ils sont.
Le deuxième livre de notre sélection, Le bleu des abeilles de Laura Alcoba, est raconté à hauteur d’enfant et est parcouru de fortes résonances autobiographiques. Après un premier livre, Manèges, où la narratrice abordait son enfance en Argentine pendant la dictature, Le bleu des abeilles a désormais pour décor Le Blanc-Mesnil, où la narratrice de dix ans a rejoint sa mère, opposante à la dictature, tandis que son père reste emprisonné en Argentine. Chronique initiatique et douce-amère, ce livre d’une émotion singulière dépeint cette nouvelle vie entre la découverte d’une réalité parfois dure et l’émerveillement face à un nouveau monde – et une nouvelle langue.
Le bleu du dernier roman est celui des yeux de son personnage principal, Anna Odintsova. Diplômée de l’Université de Leningrad, elle arrive en 1947 à Ouelen, village bordant le détroit de Béring, afin d’étudier le mode de vie d’une tribu nomade éleveuse de rennes, les Tchouktches. Epousant un des leurs, elle part vivre au sein de la tribu et c’est le début d’un formidable récit pour le lecteur, qui découvre, dans un dépaysement total et passionnant, un peuple et ses coutumes. Mais l’Histoire se mêle à l’histoire quand, en 1949, le gouvernement soviétique décide de sédentariser ces tribus et de collectiviser leurs biens…L’Etrangère aux yeux bleus est une véritable déclaration d’amour de Youri Rytkhèou à ce peuple – et à la liberté.