Le thème du mois
“Nouveaux mondes”
Partir à la rencontre de l’autre, quitter ses habitudes, ses points de vue, ses a priori, ses certitudes, pour rencontrer d’autres mœurs, d’autres repères, d’autres langues, est toujours une aventure, plus ou moins choisie…et plus ou moins réussie. En espérant que le mois d’Août vous conduise vers des horizons nouveaux et de surprenantes découvertes, nous avons choisi, pour cette sélection, trois romans ouverts sur des mondes nouveaux, pour leurs personnages comme pour le lecteur.
Le titre du premier livre est à lui seul une aventure, puisque Maarten Troost, son fantasque auteur, a choisi de l’intituler La vie sexuelle des cannibales…tout un programme, non ? Le récit – autobiographique – joue avec le modèle et les codes des récits de voyage et des ouvrages anthropologiques, en mettant en avant le contraste entre le projet initial de l’auteur – partir s’installer avec sa femme sur un atoll paradisiaque perdu au milieu de nulle part – et la réalité, que Maarten Troost nous délivre avec un humour décapant et beaucoup d’auto-dérision – mais aussi avec une vraie réflexion sur nos préjugés et nos modes de vie. Rire et réfléchir : tout ce qu’on aime !
Quoi de mieux, pour faire un pied de nez à la chaleur estivale, que de s’évader le temps d’un roman au Groenland ? (Petit exercice de lecture : Banquises se déroule à Uummannaq. A vous de jouer !). En 1982, Sarah a disparu du jour au lendemain après avoir pris l’avion pour la calotte glaciaire. Près de trente ans après, Lisa décide d’embarquer à son tour pour partir sur les traces de cette sœur jamais revue. En même temps qu’une belle réflexion sur l’absence et le deuil, Valentine Goby nous conduit à la rencontre d’un territoire en danger et d’un peuple méconnu, que l’on découvre avec sensibilité et poésie à travers les yeux de Lisa.
Imaginez : alors que vous vous êtes innocemment endormi dans l’avion en partant pour un voyage professionnel en Finlande, vous vous réveillez à l’atterrissage sans bagages, dans un endroit inconnu, entourés de gens dont vous ne comprenez ni la langue ni l’alphabet ni les habitudes de vie, dans une ville dont vous ne reconnaissez aucun des repères habituels. Ce n’est pas un mauvais rêve : c’est précisément ce qui arrive à Budaï, personnage principal de Epépé de Ferenc Karinthy. C’est le début d’un récit kafkaïen et décalé, où l’absurde de la situation et la géographie expérimentale de cette ville inconnue délivrent une réflexion sur le sens de la vie.