Le thème du mois
“Racines”
Les racines. Qu’elles s’appliquent au règne végétal, à la vie d’un homme ou aux fondements d’une société, elles définissent ce qui fonde, caractérise, interroge, fragilise aussi parfois. Car si les racines sont le fondement de l’existence, le socle qui nous fait naître et nous construit, elles peuvent aussi faire souffrir quand elles sont arrachées, inconnues ou niées. Fidèle à sa tradition, My Book Box est donc partie pour vous à la recherche d’histoires qui s’interrogent sur l’identité – et elle a trouvé !
Des sons, des couleurs, des odeurs, le chant d’une langue familiale : c’est par les sens que Dany Lafferière, aujourd’hui académicien, nous invite à découvrir ses racines haïtiennes dans L’odeur du café, récit écrit à hauteur d’enfant. Mimant les réminiscences du souvenir et le rythme du langage, son écriture fixe des instantanés de l’été de ses dix ans, qu’il passa en compagnie de sa grand-mère Da, pilier de son enfance, et à qui il rend un bouleversant hommage.
Derrière les souvenirs personnels se dessine en filigrane le portrait d’un peuple qui vit sous la coupe du dictateur Duvalier – et qui résiste avec énergie à la misère et à la terreur.
Après le bouleversant L’homme qui m’aimait tout bas, déclaration d’amour posthume à son père adoptif qui lui donna son nom, Eric Fottorino se penche à nouveau sur ses racines en allant, cette fois, à la découverte de l’histoire de son père biologique, qu’il ne rencontra qu’à l’âge de dix- sept ans. Dans Questions à mon père, récit sensible et pudique, père et fils apprennent à s’apprivoiser, se connaître, se découvrir – se reconnaître. Découvrant peu à peu ses origines juives et marocaines, Eric Fottorino nous livre le portrait de deux hommes qui, avant qu’il ne soit trop tard, démontrent avec intelligence que « comme on aime plusieurs enfants, on peut aimer plusieurs pères ».
Prend-on véritablement conscience de ses racines lorsque l’on s’en éloigne ? Désireux de fuir la misère de son pays d’origine, le Camerounais Jende Jonga décide d’immigrer aux Etats-Unis avec sa famille ; son rêve ? Devenir un « vrai américain ». Et tout commence plutôt bien : il se fait engager comme chauffeur d’un riche banquier de chez Lehman Brothers… Dans un récit plein d’énergie qui aborde les difficultés de l’exil, le déchirement entre deux cultures et les rapports entre les classes sociales, Voici venir les rêveurs, écrit par Imbolo Mbue, nous entraîne dans un portrait sans concession des Etats-Unis – Eldorado finalement bien douloureux.