Le thème du mois
“Histoires d’eau”
L’eau. Un des quatre éléments, avec la terre, l’air et le feu. Indispensable à la vie, elle est aussi devenue une source d’inspiration littéraire, que ce soit en métaphore du temps qui passe, en lieu féérique ou au contraire en étendue mystérieuse et menaçante, symbole des zones d’ombre ou des dangers cachés. Qu’elle soit de pluie, marine ou fluviale, elle abrite des rêves, des peurs, des enjeux – écologiques ou financiers. Et c’est à elle que s’est attaquée My Book Box ce mois-ci !
C’est en bord de mer, dans une crique du nom de Puget Sound, que nous embarque Jim Lynch pour ce qui fut son premier roman – et une vraie réussite : Les Grandes Marées. Le temps d’un été, il nous fait suivre le parcours de Miles, surdoué en biologie marine, qui, en même temps qu’il découvre les errements des adultes et la mauvaise marche du monde, va passer de l’enfance à l’âge adulte. Un coup de maître, dans lequel Jim Lynch mêle avec talent la science et la poésie, l’intime et l’action, le conte et la réalité, le savoir et le romanesque. Après cette lecture, vous ne regarderez plus jamais une plage de la même façon.
Cet univers marin, décrit avec tant de poésie par Jim Lynch, est de plus en plus menacé : pollution, chasses illégales, pêches intensives, pillages et massacres…Dans le Règne du Vivant, nous suivons, par le biais de la fiction, un journaliste norvégien qui embarque à bord du bateau l’Arrowhead pour suivre la lutte du militant Magnus Wallace (très largement inspiré du controversé Paul Watson, fondateur de l’association Sea Shepherd), qui, face à l’urgence de sauver le milieu marin, est prêt à tout – quitte à utiliser les moyens de communication les plus modernes et les procédés les plus discutables. Hommage à la rebellion, ce roman engagé tire la sonnette d’alarme : bientôt, il sera trop tard.
De la mer à la rivière, les luttes sont les mêmes ; ces rapports entre l’être humain et la nature, ces débats et ces questionnements aux réponses souvent complexes, Ron Rash les met en avant de façon à la fois subtile et implacable dans son roman Le chant de la Tamassee. A la suite d’une tragédie humaine – une jeune fille se noie dans cette rivière protégée par une loi environnementale fédérale – les débats et les affrontements surgissent : d’un côté, ceux qui réclament que le corps de la noyée soit repêchée, de l’autre, les militants écologistes qui s’y opposent : pour ce faire, un barrage devrait être dressé et donc mettre en péril l’équilibre de la rivière. Un roman passionnant, qui renvoie chacun de nous à ses propres interrogations et responsabilités.