Le thème du mois
“Faits divers”
C’est l’été, ce moment délicieux où, sur la plage, dans les alpages, à l’autre bout du monde ou dans le square au bout de la rue, l’on se surprend à glisser un œil, puis deux, vers des lectures coupables lorgnant du côté du potin ou du fait divers. Et bien, encore une fois, vous allez pouvoir remercier My Book Box, qui va vous permettre à la fois d’assouvir ce besoin légèrement culpabilisant – tout en vous permettant de briller en société : car si les trois livres sélectionnés tournent tous autour de faits divers, réels ou inventés, ils sont avant tout de la sacrée bonne littérature. Sûrement parce que derrière son image souvent méprisée, le fait divers en raconte bien plus long sur notre société que ce que l’on veut bien en dire…
C’est le cas de De bons voisins, de R.D. Jahn, véritable tragédie de nos sociétés modernes, construite autour d’une unité de lieu (une cour d’immeuble de New-York), de temps (une nuit de 1964), d’action (l’un des nombreux voisins ayant entendu le cri de Kat, jeune serveuse poignardée par un déséquilibré devant la porte de leur immeuble, va-t-il lui porter secours ?) Ce roman captivant, inspiré d’un fait divers qui donnera lieu à des thèses sociologiques sur la responsabilité collective, met en scène l’individualisme de nos sociétés de façon magistrale et renvoie le lecteur à cette question obsédante : et moi, que ferais-je ?
Dans Les faibles et les forts, c’est à l’histoire de la ségrégation raciale aux États-Unis que s’attaque Judith Perrignon. À la base de son récit, la noyade, en 2010, de six adolescents noirs américains dans la rivière Rouge, en Louisiane. S’appuyant sur ce tragique fait divers, la romancière construit le récit d’une famille sur plusieurs générations, dans un style atypique et marquant ; alternant voix et époques, elle dresse une fresque poignante des inégalités raciales et démontre leur persistance, de l’esclavage à l’Amérique actuelle.
C’est sous un autre angle que Serge Joncour a choisi de traiter ce thème dans son roman L’Écrivain national, qui a la particularité d’être le seul ouvrage de la sélection à ne pas s’inspirer d’un vrai fait divers. Dans un roman décalé et chabrolien, nous suivons les péripéties d’un auteur parisien perdu dans la campagne bourguignonne, et qui, peu à peu, va se retrouver comme hypnotisé par la fascination quasi irrationnelle et souvent voyeuriste que les faits divers peuvent exercer sur chacun(e) d’entre nous.
On vous l’avait dit : laissez tomber « Détective », et plongez-vous dans My Book Box.