Le thème du mois
“La vie d’artiste”
Les paillettes, le glamour, l’inspiration– mais aussi les affres de la création, l’incompréhension de la société – ou de la famille – qui vous entoure, les opportunistes, les rumeurs, les paradis artificiels, le succès, l’échec, l’argent, la faim…la vie d’artiste est un kaléidoscope de facettes multiples et contradictoires. Avec les trois romans de la sélection, nous avons voulu vous faire partager ces destins, fascinants et tragiques, exaltants et difficiles.
Le premier ouvrage, Gabriële, a été écrit à quatre mains par Anne et Claire Berest, les petites-filles de la protagoniste principale, Gabriële Picabia, qu’elles n’ont pas connue. Les deux jeunes femmes décident, dans cet ouvrage addicitif, de partir à la découverte de la vie incroyable de cette femme qui l’est tout autant. Musicienne, elle décide d’abandonner sa carrière pour se consacrer à l’homme qu’elle va épouser, le peintre Francis Picabia ; mais loin de l’image soumise de la muse de l’ombre, cette femme d’une intelligence singulière mène une vie tourbillonnante et inoubliable – elle fut la maîtresse de Duchamp et la meilleure amie d’Apollinaire – , qui côtoie tout ce que le monde connait d’artistes dans la première moitié du XXème siècle. Passionnant.
Nous restons pour le deuxième livre dans le domaine de la peinture mais dans un tout autre style et à une tout autre époque : c’est dans le New-York de la fin du XXème siècle que nous entraîne l’Eroïca de Pierre Ducrozet pour nous narrer, dans une fiction biographique à la langue énergique et inventive, le destin d’une météorite foudroyée par la drogue à 27 ans mais pourtant devenue culte : le peintre Basquiat (appelé Jay dans le livre), le génie, l’écorché vif, passant de la misère de l’enfance aux milieux intellectuels new-yorkais en si peu de temps qu’il n’y survécut pas. Restent son talent et ses tableaux, que nous vous invitons à contempler sans fin.
Le dernier ouvrage, Fairyland, est une plongée émouvante et autobiographique dans les milieux artistiques du San Francisco des années 1970, et plus particulièrement dans le quartier de Haight-Ashbury, centre névralgique de la culture hippie et de la Beat Generation. En nous racontant les relations complexes mais toujours emplies d’amour qu’elle entretenait avec son père Steve Abbott, poète homosexuel militant, Alysia Abbott écrit une véritable déclaration à ce père aussi attachant que fantasque et difficile à vivre. Au-delà, elle livre aussi une peinture poignante de l’épidémie de sida qui décima toute une ville – et toute une communauté.