Le thème du mois
“Et voilà le travail”
Qui connaît l’étymologie du terme « travail » saisit bien toute l’ironie qu’elle revêt dans nos sociétés : le tripalium désignait en effet un instrument de torture utilisé par les Romains pour punir les esclaves rebelles. En ce mois de septembre, qui rime avec rentrées en tout genre, il nous a paru (im)pertinent d’interroger, grâce à des regards complémentaires et des tons variés, le rapport que la littérature entretient avec le travail. de Nathalie Kuperman.
Nous étions des êtres vivants nous entraîne au cœur de la tourmente : celle de Mercadier Presse, racheté par Paul Cathéter, au nom médical tragiquement ironique. Afin de rendre le groupe plus rentable, il veut se débarrasser des faibles, se trouver de nouveaux alliés, jouer sur la peur et les angoisses des salariés, usés par des mois d’attente sans certitude. Mettant en scène à tour de rôle les différents protagonistes, l’auteure raconte les jours qui séparent l’annonce du plan de rachat de l’arrivée de la nouvelle équipe, avec l’angoisse, l’attente du nouveau lieu de travail, des listes de licenciés, la vie personnelle à gérer, les compromissions, les pétages de plomb.
Iain Levison a été, entre autres, conducteur de camions, peintre en bâtiments, pêcheur en Alaska ; c’est surement pour cela qu’il a du mal à s’arrêter à un seul ton, et, Un petit boulot que la précarité, ça le connaît. Dans – mélange de polar burlesque, de héros aux visages désabusés comme dans un film de Buster Keaton, et de fabuleux raconteurs de l’Amérique profonde, comme Terence Malick ou Bruce Springsteen – il nous entraîne dans les aventures tragi-comiques de Jake Skowran, devenu chômeur suite à la fermeture de l’usine locale, et qui traine son nihilisme et sa nonchalance dans une ville du fin fond des Etats-Unis aussi sinistrée que sa propre existence.
Pour finir, c’est un roman au souffle puissant que nous livre Gérard Mordillat avec Les Vivants et les morts. Cette épopée nous plonge dans la vie et le destin de Rudi et Dallas, jeune couple d’ouvriers dont la vie bascule le jour où la Kos, l’usine où ils travaillent, ferme ses portes. Autour d’eux, c’est l’histoire d’une cinquantaine de personnes mais aussi d’une ville entière que nous suivons ; à travers les parcours individuels, les passions, les engagements, la politique, l’amour, l’amitié, la trahison, c’est finalement à une véritable histoire collective et sociale que renvoie le roman.
Grâce à My Book Box, le travail n’est plus synonyme de torture !

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