Le thème du mois
“Sur le sol irlandais”
Allez, on peut bien se l’avouer : même si les Irlandais sont nos éternels rivaux au rugby, on a toujours eu une tendresse infinie pour ces cousins celtes. Peut-être grâce à leurs incroyables paysages. Peut-être grâce à leurs bières et à leurs inégalables pubs. Peut-être grâce à leur énergique dignité, liée à une histoire compliquée et tragique. Dans My Book Box de Février, on a voulu montrer que, si on aime les Irlandais, c’est aussi, incontestablement, grâce à leur littérature. Que Joyce et Beckett soient rassurés : la relève est assurée !
Roddy Doyle est une des figures les plus emblématiques de cette littérature insulaire ; ses savoureux et hilarants dialogues, sortes de brèves de comptoir à l’irlandaise que vous pouvez découvrir sur sa page Facebook, sont le prolongement de ses romans, qui mettent en avant la parole de ceux que l’on n’entend jamais. La femme qui se cognait dans les portes s’appelle Paula Spencer. À trente-neuf ans, elle relate la vie qui fut la sienne auprès d’un mari violent épousé à 18 ans – les coups, les mensonges, la misère, l’alcool -. Comme toujours chez Doyle, la force du style et la tendresse pour les personnages écartent tout misérabilisme et font de ce récit un roman énergique et plein de vie – et de son héroïne un personnage qui vous accompagnera longtemps.
Allez, on prend le pari que vous allez adorer : pour la première fois dans My Book Box, on a glissé un recueil de nouvelles, Les âmes égarées, composé par Joseph O’Connor – frère de la chanteuse Sinead O’Connor, mais là n’est pas le propos. Et si on l’a choisi, c’est que l’on a franchement été conquis, emballés, émus par ces esquisses irlandaises, qui dépeignent subtilement l’Irlande d’hier et d’aujourd’hui, et qui mêlent de façon délicate la grande et la petite histoire, le présent et le passé, l’intime et l’universel. Huit petits bijoux que My Book Box est heureuse de vous faire découvrir.
Pour finir, un roman policier. Car, souvent, quand il excelle, ce genre est l’un des meilleurs moyens de découvrir un pays et toutes les facettes de sa société. C’est le cas de La Maison des absents, de Tana French, dans lequel, sur une intrigue de départ plutôt classique – un meurtre dans le pavillon d’une banlieue irlandaise – l’enquête dresse peu à peu le portrait d’une Irlande à la dérive, dans laquelle la crise économique est présumée coupable. Si l’on vous dit qu’en outre T. French maîtrise à la perfection l’art de l’écriture et du rythme, on devine que, comme nous, vous aurez du mal à lâcher ce livre avant la dernière ligne.