Le thème du mois
“Toute une vie”
Qu’elle soit en rose pour Edith Piaf ou encore rêvée pour Walter Mitty et les anges, la vie est le laboratoire parfait et le vivier éternel des artistes, et tout particuièrement des romanciers : quel défi plus exaltant et créatif que d’inventer une vie pour la raconter à ses lecteurs et les entraîner dans le sillage de ces personnages fictifs ? Ce mois-ci, My Book Box a donc choisi pour vous trois romans qui, avec un thème commun vous entraînent dans des univers et des tons différents – comme la vie !
Le premier est un petit bijou trop longtemps ignoré d’un auteur pourtant connu en France : John Williams. Il aura fallu le coup de foudre d’Anna Gavalda pour le roman Stoner – et, dans la foulée, la traduction qu’elle en fit – pour que nous puissions vous le glisser aujourd’hui dans la box. Dans une langue délicate et sensible, l’auteur nous narre la vie d’un homme à la fois simple et unique ; alors qu’il entame des cours d’agronomie à l’Université du Missouri en 1910 pour reprendre la ferme familiale, Stoner se découvre une passion pour les mots et la littérature. C’est en leur compagnie qu’il construit et affronte sa vie – avec, dans son sillage, le lecteur charmé et touché.
La langue de Robert Seethaler, écrivain autrichien, est un bijou de poésie et ce n’est pas le deuxième roman de notre sélection, Une vie entière, qui nous contredira. Deux personnages principaux dans ce livre : Andreas Egger, recueilli enfant par une brute qui le laissera handicapé – et la montagne, qui permettra à Andreas de relever la tête et de traverser la vie, ses bonheurs, ses souffrances, ses pertes, ses guerres. Difficile de présenter ce roman, qui a reçu de nombreux prix littéraires, sans en déflorer la beauté, tant cette « vie minuscule », comme l’écrirait Pierre Michon, nous est narrée de façon ciselée, peignant tant l’évolution d’un monde que les mystères d’un homme.
Une boule d’énergie et de vie : c’est un peu ainsi que l’on pourrait présenter Toute une histoire – à la fois biographie et autobiographie puisque l’autrice iranienne Hanan El-Cheikh se fait la voix, et la plume, de sa propre mère qui n’a jamais appris à écrire. Le moins que l’on puisse dire est que cette vie nous entraîne dans un véritable tourbillon humain et littéraire, dressant le portrait d’une femme à part, qui n’hésita pas à tout quitter pour fuir un mariage forcé et vivre sa vie. L’émotion grandit au fur et à mesure de la lecture et, en achevant la dernière page, on en est sûr : on n’oubliera ni ce livre, ni cette femme.